Le fondateur des Cercles de silence, Alain Richard, est mort le 24 juin 2021, à l’âge de 96 ans. En octobre 2007, soutenu par la communauté de ses frères franciscains, il a fondé le premier Cercle de silence à Toulouse pour protester contre l’existence des Centres de Rétention Administrative (en abrégé les CRAs) et tout particulièrement contre l’existence de celui de Cornebarrieu, situé au bout des pistes de l’aéroport de Toulouse-Blagnac. Ce CRA de 126 places avait été construit en 2006.
Pour comprendre les motivations de cette protestation, il est utile de décrire ce que sont les CRAS et l’ampleur de la population concernée par la rétention en ces lieux. Nous tirons les informations résumées ci-dessous de l’édition 2019 du rapport annuel écrit par les associations ASSFAM-Groupe SOS Solidarités, Forum réfugiés, France Terre d’Asile, La Cimade et Solidarité Mayotte (ce rapport est disponible, par exemple sur le site web de la Cimade). Les CRAs servent à « retenir » des étrangers en situation administrative irrégulière en attente d’expulsion vers leur pays d’origine. Ce ne sont pas des prisons au sens strict car les CRAs dépendent du ministère de l’Intérieur et non pas du ministère de la Justice mais ils partagent avec les prisons bien des aspects, bâtiments enclos de barbelés, cellules aux murs nus, etc… La durée maximale de rétention a régulièrement augmenté passant de 7 jours en 1981, à 12 jours en 1998, 32 jours en 2006, 45 jours en 2011 et 90 jours depuis 2018. En 2019, Il y avait 21 CRAs en France métropolitaine avec en tout 1723 places (il existe aussi des LRAs, Lieux de Rétention Administrative pour des séjours de brève durée) et 3 CRAs dans DOM-TOM, en Guyane, Guadeloupe et à Mayotte.
En 2019, plus de 53 000 personnes ont été enfermées dont 26 664 en France métropolitaine et parmi ces dernières 10157 ont été libérées (soit 41%), le plus souvent par décision d’un juge. Des enfants sont placés dans les CRAs, bien que la France ait été condamnée à plusieurs reprises par la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) pour cette pratique : en 2019, 3380 enfants ont ainsi été placés dans les CRAs dont 279 enfants en France métropolitaine et 3101 à Mayotte. Enfin, un étranger en situation administrative irrégulière arrêté peut être interné dans un CRA à des centaines de kilomètres de chez lui : si le juge ordonne sa libération, il est alors relâché à la porte du CRA, sans aucun accompagnement, sans billet de train pour rentrer chez lui, souvent en fin de journée ou même en début de nuit.
La motivation essentielle d’Alain Richard et de ceux qui l’ont accompagné dans les Cercles de silence était et est encore aujourd’hui de se battre de manière non-violente pour le respect de la dignité humaine. AIain Richard considérait que le traitement des migrants placés dans les CRAs, sans avoir commis aucun délit, est une atteinte insupportable à leur dignité et que s’opposer à ce traitement était un devoir, au nom des valeurs chrétiennes et républicaines de fraternité. De plus, la France est signataire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui proclame par son article 14 : « Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays ». L’accueil de l’étranger est donc un devoir pour notre pays !
Alain Richard a tenu à ce que la protestation contre l’existence des CRAs soit non-violente. Il est difficile de résumer le long itinéraire de la découverte de la non-violence par Alain Richard. Le livre d’entretiens avec C. Henning « Une vie dans le refus de la violence » (Editions Albin Michel 2010) décrit cet itinéraire. Disons simplement qu’il l’avait découverte dans les années 60 en fréquentant l’Arche de Lanza del Vasto et pratiquée très activement aux USA, où il a longuement vécu à partir de 1973, en agissant pour le désarmement nucléaire et contre les guerres en Amérique Centrale. Le choix du silence est inspiré par plusieurs raisons : le silence est d’abord un appel à écouter sa propre conscience et il joue aussi un rôle unificateur, avec la participation au même Cercle de gens ayant des positions politiques très différentes.La création du Cercle de silence de Toulouse a reçu une forte publicité à la fin 2007 et dans les premiers mois de 2008 et de nombreux Cercles de silence se sont alors formés, en France (près de 180 Cercles) et à l’étranger (environ 50 Cercles en Espagne, quelques Cercles en Belgique, un Cercle à Genève). Il n’est pas si fréquent qu’un mouvement local, créé sans aucun moyen financier, ait ainsi un retentissement international. Ceci est probablement dû au fait que valeurs humaines qui ont poussé à créer ces Cercles de silence sont largement partagées dans la population de nos démocraties, même si la plupart des partis politiques ont peur de soutenir l’accueil des migrants et adoptent des positions très restrictives à leur égard.
Une question rarement abordée est le coût de la politique migratoire de la France : l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides) et la CNDA (Cour nationale du droit d’asile), le personnel dans les préfectures affecté au traitement de ces dossiers, la construction des CRAs et leur fonctionnement, le personnel de la Police qui y est affecté, la participation au budget de l’agence européenne FRONTEX qui affecte beaucoup de moyens financiers pour contrôler les frontières de l’Europe. Tout cela a un coût sûrement très important et ces sommes seraient bien plus utiles pour aider l’intégration des migrants ou pour secourir les naufragés de la Méditerranée…
Est-il possible de dresser un bilan de ces presque 14 années de lutte ? En France, le bilan semble bien maigre, pour ne pas dire négatif, puisque la loi en France s’est durcie, avec un temps de rétention maximum multiplié par 3, le nombre de CRAs a augmenté avec la construction actuelle de 4 nouveaux CRA à Lyon, à Olivet, près d’Orléans, Bordeaux et au Mesnil-Amelot, etc… Cependant, la sensibilisation de l’opinion publique est difficile à mesurer et les Cercles de silence jouent un rôle important dans cette sensibilisation. Enfin, le passé nous enseigne que des combats justes tels que celui pour l’abolition de la peine de mort ou celui de la lutte contre le racisme sont des opérations de très longue durée. Nous pensons que le combat non-violent pour la reconnaissance inconditionnelle de la dignité de tout homme et de toute femme, initié par Alain Richard, fait partie de ces combats justes et de longue durée…
Alain n’aura pas vu la fin de cette lutte mais il aura eu l’honneur d’en avoir été un artisan….
Chers Amis
ATTENTION: Le comité de pilotage du Cercle a décidé de maintenir cette fois encore notre réunion au dernier mercredi du mois de 12h30 à 13h30, donc, ce mois-ci, le mercredi 26 mai, toujours sur la place du Capitole. Nous comptons revenir à notre jour et heure habituels pour le Cercle de silence de juin, qui aura donc lieu Mardi 29 Juin entre 18h30 et 19h30.
Notre rassemblement dure une heure mais vous pouvez manifester votre soutien par une participation beaucoup plus brève. Même si votre participation est réduite à quelques minutes, votre soutien nous est précieux!
Durant le Cercle de silence, nous porterons un masque et nous respecterons la distanciation physique afin de tenir compte au mieux des contraintes sanitaires. Nous profitons de ce point pour vous préciser que notre rassemblement est bien déclaré à la préfecture, respectant ainsi les règles régissant les manifestations sur la voie publique.
Voici quelques nouvelles du CRA de Cornabarrieu obtenues grâce à la CIMADE. Il y a actuellement 28 hommes et 1 femme, donc bien moins que le mois dernier où il y avait 42 personnes en rétention. Très peu d'expulsions car les frontières restent fermées et essentiellement des libérations par les tribunaux, et peu d'entrées. Il y a eu un seul cas "Covid " qui a été transféré dans un CRA spécialisé dans la région parisienne .
Vous trouverez les lettres mensuelles de la Coordination nationale des cercles de silence sur le site web
http://franciscains-occitanie.fr/lettres-precedentes-du-cercle-de-silence/
avec des nouvelles très intéressantes sur les autres Cercles de silence.rgne a dit la phrase : On traite mieux des objets. En France, le droit des animaux de compagnie est mieux respecté que les droits des migrants.
Publié le 16/04/2021 : Vingt migrants tentant de rallier l'Europe depuis les côtes tunisiennes ont péri en mer et 17 sont portés disparus, après le naufrage de leur embarcation de fortune. Les recherches de survivants ont été interrompues en raison du mauvais temps.
Morts en Méditerranée, l’inaction des garde-côtes libyens mise en cause :
Des retranscriptions de conversations téléphoniques datant de 2017 mettent en évidence que des migrants sont morts noyés en raison d’un défaut de réponse des garde-côtes libyens, qui bénéficient pourtant d’importantes aides européennes pour cette mission.
La protection des migrants en Méditerranée :
le Conseil de l’Europe s’alarme des politiques migratoires de l’UE. Un article du Monde qui en parle "Dans un rapport publié mardi 9 mars 2021, l’instance européenne épingle le « manque de volonté des Etats européens » d’établir des politiques de protection, qui cause la perte de « milliers de vies humaines ». " Vous trouverez l’article du Monde après nos signatures. Précision : le Conseil de l’Europe est une organisation intergouvernementale instituée le 5 mai 1949 par le traité de Londres. C’est une organisation internationale qui rassemble 47 États membres, par le biais des normes juridiques dans les domaines de la protection des droits de l'homme, du renforcement de la démocratie et de la prééminence du droit. Les liens web vers l'article du Monde
https://www.lemonde.fr/international/article/2021/03/09/protection-des-migrants-en-mediterranee-le-conseil-de-l-europe-s-alarme-des-politiques-migratoires-de-l-ue_6072473_3210.html
et vers le rapport du Conseil de l’Europe (en anglais)
https://rm.coe.int/a-distress-call-for-human-rights-the-widening-gap-in-migrant-protectio/1680a1abcd
Un article de l’association “INFO MIGRANTS “ dénonçant un comportement particulièrement révoltant sur la conduite de L’Aide sociale à l’enfance à Nice . Un exemple parmi tant d’autres… Voir l’article sur le web
https://www.infomigrants.net/fr/post/31646/nice-des-jeunes-migrants-arretes-menottes-a-la-sortie-des-bureaux-de-l-aide-a-enfance
Nous espérons que ces quelques informations vous conforteront dans la nécessité de poursuivre notre action commune réclamant la fermeture des Centres de Rétention Administrative.
Nous espérons que votre santé est bonne et que vous prenez bien soin de vous et de vos proches.
Le Comité de Pilotage du CdS de Toulouse
Alain Calvet
Catherine Calvet
Claire Vigué
Françoise Chastrusse
Françoise Nirrengarten
Jacques Vigué
Mino Randria
Philippe Laricq
Pierre Chastrusse
ATTENTION:
Le Cercle de silence de Toulouse reprend son jour et son heure
habituels: il aura donc lieu Mardi 29 Juin entre 18h30 et 19h30 sur la
place du Capitole.
Notre
rassemblement dure une heure mais vous pouvez manifester votre soutien
par une participation beaucoup plus brève. Même si votre participation
est réduite à quelques minutes, votre soutien nous est précieux! Durant
le Cercle de silence, nous respecterons la distanciation physique afin
respecter les contraintes sanitaires. Nous profitons de ce point pour
vous préciser que notre rassemblement est bien déclaré à la préfecture,
respectant ainsi les règles régissant les manifestations sur la voie
publique.
Voici
quelques nouvelles récentes du CRA de Cornabarrieu obtenues grâce à la
CIMADE. Il y a 33 retenus dont 3 femmes donc assez peu par rapport à
d'autres périodes . Il y a des entrées, des sorties, des expulsions car
certains pays de l'Est, l’Albanie entre autres, ont réouvert leurs
frontières, ainsi que l'Algérie. Les retenus sont seuls par chambre ce
qui ne suffit pas à expliquer ce petit nombre.
Vous trouverez les lettres mensuelles de la Coordination nationale des cercles de silence sur le site web
http://franciscains-occitanie.fr/lettres-precedentes-du-cercle-de-silence/
avec des nouvelles très intéressantes sur les autres Cercles de silence.
Nous
espérons que ces quelques informations vous conforteront dans la
nécessité de poursuivre notre action commune réclamant la fermeture des
Centres de Rétention Administrative.
Nous espérons que votre santé est bonne et que vous prenez bien soin de vous et de vos proches.
le Comité de Pilotage du CdS de Toulouse
Les
frères franciscains viennent d'annoncer le décès du frère Alain
Richard, fondateur des cercles de silences à Toulouse, par le communiqué
suivant :
À
DIEU - Fr. Alain Richard est entré dans la Paix de Dieu, ce jeudi 24
juin 2021, à Avignon (84) dans sa 97e année, après 74 ans de vie
religieuse et 68 ans de presbytérat. Fr. Alain Richard a notamment
participé à plusieurs équipes des Brigades de paix internationales et
est l'initiateur des #Cercles de silence.
Nous confions, son âme et ses combats pour plus de justice,
à votre prière.
La messe des funérailles sera célébrée lundi 28 juin
2021, à 10h00, dans la chapelle du couvent des frères d’#Avignon.
En
faisant vivre le Cercle de silence de Toulouse, nous continuons le
combat non-violent de frère Alain pour le respect inconditionnel de la
dignité humaine.
Chers Amis
ATTENTION: Le comité de pilotage du Cercle a décidé de choisir, jusqu’à nouvel ordre, de se réunir le dernier mercredi du mois de 12h30 à 13h30, donc, ce mois-ci, le mercredi 28 avril, toujours sur la place du Capitole.
Notre rassemblement dure une heure mais vous pouvez manifester votre soutien par une participation beaucoup plus brève. Même si votre participation est réduite à quelques minutes, votre soutien nous est précieux!
Durant le Cercle de silence, nous porterons un masque et nous respecterons la distanciation physique afin de tenir compte au mieux des contraintes sanitaires. Nous profitons de ce point pour vous préciser que notre rassemblement est bien déclaré à la préfecture, respectant ainsi les règles régissant les manifestations sur la voie publique.
Quelques nouvelles du CRA de Cornebarrieu :
Il y a actuellement 42 retenus, 5 femmes et 37 hommes, pas de familles. Il y a beaucoup de libérations de personnes arrivées au terme sans pouvoir être expulsés, en général après 60 à 70 jours de rétention, et pas trop d’entrées.
Concernant le Covid, les entrants sont testés. Ces dernières semaines, il y a eu un cas positif dans le centre et cette personne a été libérée en lui conseillant de se rendre dans un centre Croix Rouge dédié, par ses propres moyens !!!
Vous trouverez les lettres mensuelles de la Coordination nationale des cercles de silence sur le site web
http://franciscains-occitanie.fr/lettres-precedentes-du-cercle-de-silence/ avec des nouvelles très intéressantes sur les autres Cercles de silence.
Au cours d’une conférence de presse organisée par le secours Catholique le 3 mars 2021, sa présidente Véronique Fayet et l’évêque d’Arras, Mgr Leborgne, ont remis en cause la politique migratoire et lancé un appel solennel dans lequel ils demandent aux autorités d’« arrêter la chasse à l’homme ». Durant cette conférence, Mgr Leborgne a dit la phrase : On traite mieux des objets. En France, le droit des animaux de compagnie est mieux respecté que les droits des migrants.
Publié le 16/04/2021 : Vingt migrants tentant de rallier l'Europe depuis les côtes tunisiennes ont péri en mer et 17 sont portés disparus, après le naufrage de leur embarcation de fortune. Les recherches de survivants ont été interrompues en raison du mauvais temps.
Morts en Méditerranée, l’inaction des garde-côtes libyens mise en cause :
Des retranscriptions de conversations téléphoniques datant de 2017 mettent en évidence que des migrants sont morts noyés en raison d’un défaut de réponse des garde-côtes libyens, qui bénéficient pourtant d’importantes aides européennes pour cette mission.
La protection des migrants en Méditerranée :
le Conseil de l’Europe s’alarme des politiques migratoires de l’UE. Un article du Monde qui en parle "Dans un rapport publié mardi 9 mars 2021, l’instance européenne épingle le « manque de volonté des Etats européens » d’établir des politiques de protection, qui cause la perte de « milliers de vies humaines ». " Vous trouverez l’article du Monde après nos signatures. Précision : le Conseil de l’Europe est une organisation intergouvernementale instituée le 5 mai 1949 par le traité de Londres. C’est une organisation internationale qui rassemble 47 États membres, par le biais des normes juridiques dans les domaines de la protection des droits de l'homme, du renforcement de la démocratie et de la prééminence du droit. Les liens web vers l'article du Monde
https://www.lemonde.fr/international/article/2021/03/09/protection-des-migrants-en-mediterranee-le-conseil-de-l-europe-s-alarme-des-politiques-migratoires-de-l-ue_6072473_3210.html
et vers le rapport du Conseil de l’Europe (en anglais)
https://rm.coe.int/a-distress-call-for-human-rights-the-widening-gap-in-migrant-protectio/1680a1abcd
Un article de l’association “INFO MIGRANTS “ dénonçant un comportement particulièrement révoltant sur la conduite de L’Aide sociale à l’enfance à Nice . Un exemple parmi tant d’autres… Voir l’article sur le web
https://www.infomigrants.net/fr/post/31646/nice-des-jeunes-migrants-arretes-menottes-a-la-sortie-des-bureaux-de-l-aide-a-enfance
Nous espérons que ces quelques informations vous conforteront dans la nécessité de poursuivre notre action commune réclamant la fermeture des Centres de Rétention Administrative.
Nous espérons que votre santé est bonne et que vous prenez bien soin de vous et de vos proches.
Le Comité de Pilotage du CdS de Toulouse
Alain Calvet
Catherine Calvet
Claire Vigué
Françoise Chastrusse
Françoise Nirrengarten
Jacques Vigué
Mino Randria
Philippe Laricq
Pierre Chastrusse
Article du Monde sur la Protection des migrants en Méditerranée :
le Conseil de l’Europe s’alarme des politiques migratoires de l’UE
Dans un rapport publié par Le Monde avec AFP le 09 mars 2021 à 12h05 : L’instance européenne épingle le « manque de volonté des Etats européens » d’établir des politiques de protection, qui cause la perte de « milliers de vies humaines ».
Refoulements d’embarcations, naufrages plus fréquents…, la situation des migrants qui traversent la Méditerranée s’est détériorée en 2020, aggravée par la crise sanitaire. Le Conseil de l’Europe a vilipendé mardi 9 mars le « manque de volonté des Etats européens » d’établir des politiques de protection, qui cause la perte de « milliers de vies humaines ».
« Depuis des années, les pays d’Europe se sont engagés dans une course vers l’abîme, pour maintenir hors de nos frontières les personnes ayant besoin de notre protection, avec des conséquences désastreuses », déplore Dunja Mijatovic, commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, en introduction d’un rapport publié mardi. « Leur réponse est l’un des exemples les plus flagrants de la façon dont les mauvaises politiques migratoires portent atteinte aux droits humains et coûtent la vie à des milliers d’êtres humains. »
Le document dresse le bilan de la mise en place des recommandations publiées en 2019, dans un précédent rapport, par le Conseil de l’Europe. Et le constat est sans appel : « La situation des droits humains dans la région méditerranéenne reste déplorable », et s’est « encore détériorée ».
Sur la période observée, entre juillet 2019 et la fin de 2020, plus de 2 600 décès ont été recensés par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Le rapport rappelle que ce chiffre est sans doute sous-estimé, les noyades se produisant bien souvent hors des radars. « Les naufrages en Méditerranée demeurent tragiquement fréquents. »
Le Conseil de l’Europe énumère plusieurs raisons à la détérioration de la situation, notamment « le retrait progressif des navires affrétés par les Etats », en même temps que les entraves, administratives et judiciaires, posées aux opérations de sauvetage menées par les organisations non gouvernementales (ONG). « L’approche des Etats consiste encore à limiter le travail vital des ONG, plutôt que de considérer qu’elles comblent les lacunes laissées par leur propre désengagement. »
L’institution estime que ce désengagement des Etats européens vise à « accroître la possibilité » que les personnes en mer soient interceptées par les garde-côtes libyens et reconduites dans ce pays, malgré les « graves violations des droits humains » qui y sont commises contre les migrants. Certains pays n’ont d’ailleurs pas hésité à signer ou renouveler des accords avec Tripoli, et à « externaliser » certaines responsabilités.Elle dénonce également la pratique, « en augmentation », des refoulements d’embarcations de migrants, documentée dans le cas des autorités maltaises, grecques et chypriotes, et suspectées de la part de l’agence Frontex. Le Conseil de l’Europe souligne que le contexte d’épidémie de Covid-19 a encore dégradé la situation : ainsi, en novembre 2020, un navire a été utilisé pour maintenir 1 195 migrants en quarantaine au large de la Sicile, et les délais de débarquement ont été allongés pour d’autres bateaux, quand les ports n’étaient pas tout simplement rendus inaccessibles.
Lire aussi Migrations : l’agence européenne Frontex mise en cause pour des refoulements en mer
Le rapport invite les Etats européens à « développer des voies de migration sûres et légales », par exemple en généralisant les « visas humanitaires », encore « sous-utilisés », ou en assouplissant les règles permettant le regroupement familial. De telles réformes permettraient de limiter les « trafics et la traite d’êtres humains ».En conclusion, Mme Mijatovic appelle les pays membres du Conseil de l’Europe, tous signataires de la Convention européenne des droits de l’homme, à prendre des mesures pour préserver la vie des migrants tentant de traverser la Méditerranée. « Il s’agit là d’une question de vie ou de mort – et il en va de la crédibilité de l’engagement des pays européens en faveur des droits humains », prévient-elle.
Le rapport 2019 sur les Centres de rétention écrit par la CIMADE et 4 autres organisations est sorti depuis quelques semaines. Vous le trouverez sur le site https://www.lacimade.org/publication/rapport-national-2019-sur-les-centres-et-locaux-de-retention/
Les pages 118-120 de ce rapport présentent un bilan du Centre de rétention de Cornebarrieu durant l’année 2019 : 1240 personnes enfermées (dont 47% ont été expulsées) ; durée moyenne de rétention : 19 jours; parmi les personnes enfermées, il y a eu 57 enfants âgés de 3 semaines à 16 ans ; les conditions de rétention sont déplorables, des personnes malades ont été enfermées, enfin organisation de charters d’expulsion…
Centre de Rétention Administrative… Notre silence dit NON !
Depuis le 30 octobre 2007, tous les derniers mardis du mois entre 18h30 et 19h30, à l'initiative de la famille franciscaine de Toulouse, des personnes se retrouvent place du Capitole, en silence et certaines en prière, pour dénoncer l'enfermement dans des Centres de Rétention Administrative (C.R.A.), comme celui de Cornebarrieu, de personnes étrangères en situation irrégulière.
Par ce témoignage et cette protestation, nous voulons apporter notre contribution au travail mené par différentes associations. Nous saluons leurs actions sur le terrain et auprès des décideurs publics.
En formant un Cercle de Silence nous dénonçons des actes qui blessent l’humanité :
- Est-il acceptable que dans des pays démocratiques, des femmes et des hommes, dépourvus de titre de séjour, soient traités comme des délinquants et enfermés dans des centres de rétention? Ils n'ont commis aucune atteinte, ni aux personnes, ni aux biens. L'irrégularité de leur situation administrative ne doit pas constituer un motif de privation de liberté.
- Est-il acceptable que la marque infamante et injuste d’un enfermement possible jusqu’à 90 jours soit ajoutée à leur précarité ?
- Est-il acceptable que soit rendue possible la violation de droits fondamentaux des personnes dépourvues de titres de séjour ? Par exemple, la reconduite à la frontière effectuée avant que le Juge des Libertés puisse statuer sur la légalité de la procédure d’interpellation ?
Des solutions alternatives à l'enfermement dans les Centres de rétention existent. Des associations citoyennes s'y impliquent, telles que la CIMADE, la Ligue des Droits de l’Homme, Amnesty International, le Cercle des Voisins, RESF (Réseau d’Éducation Sans Frontières), CCFD-Terre Solidaire, CLIC- Sans papiers, Secours Catholique, Welcome, Pas Sans Toit etc…
Ces problèmes sont mondiaux et complexes. Nous ne prétendons pas avoir les solutions mais aujourd'hui, nous pensons qu'elles doivent obligatoirement respecter la dignité de chaque personne.
Telle est notre conviction, telle est notre espérance. Il ne suffit pas de s'indigner. Nous invitons tous nos concitoyens à traduire en actes, le cri de leur conscience.
Notre silence, que certains d'entre nous habitent de leur prière, veut rejoindre les personnes en situation irrégulière, ceux qui font la loi et ceux qui la font appliquer.
L’Être humain n'est pas un objet.
Il reste toujours une Personne,
Un membre de la famille humaine
notre Frère, notre Sœur.
Nous invitons toutes les personnes soucieuses de dignité humaine à nous rejoindre dans le silence.
Vous y êtes les bienvenus. Dates des prochains Cercles :
mardi 29 septembre 2020, mardi 27 octobre 2020, mardi 24 novembre 2020, mardi 29 décembre 2020…, toujours entre 18h30 et 19h30, place du Capitole.
Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. qui peut vous adresser les nouvelles du mois.
A la mi-août a eu lieu un naufrage avec 46 morts au large de la Libye pendant que 2 navires humanitaires étaient bloqués à terre, puis surchargés de rescapés suite au refus des pays européens d’accueillir dignement de nouveaux migrants, et malgré l’épidémie et la fermeture des frontières, le Centre de Rétention de Cornebarrieu continue d’enfermer des migrants dont au moins 1 cas de Covid 19.
Pour protester en silence contre cet enfermement, 20 à 30 participants se réunissent en silence, le dernier Mardi de chaque mois, place du Capitole… face à une célèbre agence de voyage et à l’Hôtel du Grand Balcon d’où Mermoz et Saint Exupèry s’élançaient pour l’Afrique et l’Amérique du Sud !
cf http://toulouse.catholique.fr/Agir-pour-les-refugies et http://ccfd31.fr/index.php/agir-avec-nous/droits-des-migrants